Carnet de créatrice : l’histoire de mon entreprise
Créer et gérer sa propre boutique en France n’est pas forcément très simple … surtout pour une étrangère ! Même si ça reste une aventure exceptionnelle et riche en enseignements.

Avec mon père, au Guatemala (2007)
Je suis Ana Carrillo. Je vis en France depuis un peu plus de 10 ans et, il y a 5 ans, je me suis lancée dans la création de ma boutique pour que ma vie professionnelle soit aussi ma passion : celle de mon pays et de sa culture.
Etape par étape, j’ai fait toutes les démarches de création en France, et ça n’a pas été une mince affaire !
Le projet Tienda Esquipulas
J’ai tout d’abord passé un peu plus d’un an pour préparer mon projet. Pendant que je faisais une formation à la création d’entreprise de la Chambre de commerce de Paris, où j’ai appris à construire les fameux « business plans », j’ai arpenté les rues de Paris pour étudier les boutiques proches de ce que je voulais créer, puis relever leur chiffre d’affaires sur internet etc.
Au bout de cette année, vers février 2002, j’ai pu rédiger mon 1er projet et chercher les financements pour le lancer. Parmi toutes les difficultés, la pire a été de trouver et négocier un local avant même d’avoir le moindre euro pour l’acheter.
A ce moment, j’ai été d’ailleurs complètement effarée des prix des locaux commerciaux à Paris, sans parler des reprises délirantes qui sont demandées, alors qu’il n’y a que dalle à reprendre … à part le droit de faire des travaux tant l’état du local est désastreux. Bref …
Cahin caha j’ai fini par trouver un local acceptable dans le quartier que je voulais, le quartier Oberkampf, et j’ai eu la chance de pouvoir présenter mon dossier à l’association Paris Initiatives qui aide au financement de la création d’entreprises.
Grosse émotion le jour où j’ai dû aller présenter moi-même et oralement le dossier au comité de sélection. Pas dormi de la nuit, je suis arrivée en retard, stressée et tout ! C’était la première fois que je faisais ce genre de truc, et en France en plus … et même si je parle bien français, c’est autre chose de devoir exposer tout un projet comme ça.
Mais tout s’est super bien passé 🙂 Et mon projet a été accepté. On m’a accordé un prêt d’honneur à titre personnel, et une caution solidaire pour pouvoir emprunter à la banque ce que je devais emprunter … Je suis repartie trop heureuse : mon projet allait enfin voir le jour !
La création de la Tienda Esquipulas
Je sais depuis que c’est une rengaine connue, mais mon projet n’a pas fait exception à la règle. De toutes les banques que j’ai sollicitées, seule la BRED a accepté le projet (malgré le soutien de Paris Initiatives), et encore … sans accepter de considérer la caution de cet organisme et en exigeant que je sois caution personnelle …
J’ai bien essayé de me battre un peu contre ça, mais sans succès. Caution perso ou rien. Allons y pour la caution perso donc … puisqu’il n’y a pas le choix.
Le pire restait à venir : je me suis trouvée complètement assomée par l’accumulation des frais que j’avais à payer alors que je n’avais même pas encore commencé mon activité : frais d’avocats (déments !), frais d’agences immobilière, frais de création de ligne téléphonique, etc … sans même parler des premiers mois : forfait social (je paye 100% de mon maigre salaire en charges sociales !), forfait minimum de comptabilité (et encore c’est moi qui dois faire presque tout le boulot parce que pour ce prix le comptable ne bouge pas le petit doigt), etc etc …
Sans compter que, pour tout couronner, je me suis retrouvée en face d’un propriétaire qui a exigé (rien que ça) pour me donner le bail que je lui laisse en dépôt une caution bancaire égale à un an de loyer ! Rien de moins que 5000 euros de trésorerie bloqués …
Bref, la douche froide. 5 ans après j’ai encore les gouttes : l’un des organismes sociaux se refuse (allez savoir pourquoi) à prendre en compte l’ACCRE dont je bénéficiais et me réclame à grand renfort d’huissiers etc … le paiement de charges sociales dont j’ai été normalement exonérée …
La France c’est vraiment pas le pays de la création de petites entreprises !!!!!
Les 1ères années de la Tienda Esquipulas
Bon, malgré tous ces obstacles, j’ai ouvert au 123 rue Saint-Maur un jour de décembre 2002 après avoir fait un premier voyage d’achats au Guatemala et importé toutes mes marchandises par voie maritime.

Boutique rue Saint Maur à la signature du bail
J’étais trop émue. Je ne voulais pas y aller. J’ai demandé à mon copain de m’accompagner 🙂 J’avais peur de ne pas savoir quoi répondre aux clients … Je m’en souviens encore, et j’ai toujours derrière ma caisse le premier billet de 20 euros de ma première vente !

Boutique rue Saint Maur après mes travaux
Mes 5 premières années se sont bien passées. J’ai pu rembourser tous les emprunts que j’avais souscrits, et me payer un petit salaire régulièrement. Mais j’ai fini par réaliser que la rue Saint-Maur était vraiment trop éloignée des destinations des parisiens lorsqu’ils font des achats (et encore … quand ils cherchent un peu plus loin que les grands magasins …).
Alors j’ai décidé de déménager. A nouveau Paris Initiatives a été vraiment super, grâce au « parrain » qui suivait mon activité depuis le début. Et re-business plan, et re-comité de sélection : mon projet de déménagement a été accepté à l’unanimité 🙂
Bon, les banques pareilles à elle-mêmes : j’ai beau avoir une caution sur 10.000 euros, elles n’ont financé que 6.000 sous prétexte qu’elles n’utilisent pas ce système de caution …
Mais j’ai quand même réussi à m’installer au 1er trimestre 2007 à une bien meilleure adresse, dans le quartier Abbesses, 20 rue Houdon (75018). Un local plus grand, un quartier bien plus passant, rien à voir avec la 1ère boutique, et un grand espoir de voir mon activité enfin grandir !

Boutique Abbesses
Je continue à m’accrocher et à essayer de faire vivre la boutique. La fidélité de nombreux clients et l’importance croissante du site internet me donnent bon espoir de parvenir à survivre et à développer mon activité 🙂 De temps en temps, coups de coeur ou coups de gueule, sur ce blog je viendrai parler de mon quotidien de toute petite entrepreneuse étrangère en France !
Et en tout cas, merci à tous ceux qui m’ont aidé depuis le début, et qui viennent fidèlement acheter des trucs chez moi, que ce soit de l’encens à 0,50 € ou des pinatas à 80 € !
Ana
Loyer
Holà! Soy tambien un chapin! Y vivo en paris (Soy de la ciudad capital de guatemala) j’admire beaucoup votre parcour je pourrai même dire que vous ete un exemple! J’aime beaucoup le site et très bien fait. Je ne suis pas encore allè dans votre magasin mais tout cela m’a bien donné envi d’y aller !
Encore bravo !,!
Ana Carrillo
Hola Loyer,
Gracias por tu comentario 😉
Tu peux passer quand tu veux, je suis ravie que tu aies aimé notre histoire.
Ca n’a pas toujours été facile mais maintenant notre culture est mieux connue et puis j’aime bien mon travail!
A très bientôt!
Ingrid
Wouah! Je n’imaginais pas le parcours nécessaire, aussi pénible qu’angoissant pour créer sa petite entreprise en France! Pour y être parvenue, ça montre bien comment tu es énergique, persévérante et pleine de l’enthousiasme que je viens chercher pour me requinquer quand je passe à La Tienda Esquipulas! Lucia est trop sympa aussi!
Quand j’y vais, je sais que je vais forcément trouver et rapporter quelque chose: de la plus petite (les grigris) à la plus grosse (mon squelette en papier mâché et son chapeau) en passant par de véritables merveilles (ma sainte famille et ma Guadalupe en bois), mais en plus, je reviens toujours avec un peu de cet esprit de joie que j’imagine venir du Guatemala! Bravo! Et comme on dit « bonne continuation »!
Ana Carrillo
Merci pour tes commentaires Ingrid! et à bientôt 🙂
Estefanía
Bonjour Ana
J’ai vous envoyé un message il y a quelques jours, est-ce vous l’avez recu? Je suis en train du commnencer une entreprise du produits artesanal, donc je voudrias du parler avec vous.
J’attends votre repónse
Bonnée journée
Ana Carrillo
Bonjour Estefania, non je n’ai rien reçu. Le mieux est d’écrire via ce formulaire si ce n’est pas la méthode que vous avez utilisée.
Bonne journée !
Esquipulas
@Nathalie, c’est très sympa ! Merci !!!!! Je n’en suis pas encore à la sucursale comme vous dites, mais qui sait en effet 🙂
Nathalie
Hola!
Admirable et émouvant parcours de quelqu’un qui s’accroche contre vents et marées. Cet acharnement à mettre des bâtons dans les roues de personnes aussi motivées et tenaces que vous, est difficile à comprendre … et si typiquement français (entre autres choses, une de plus qui n’est pas à notre gloire)… Si vous étiez dans ma ville (Lyon -dans plein de quartiers, cette superbe boutique aurait toute sa place), j’y viendrais souvent ne serait-ce que parce que même visuellement, tous ces objets, ces couleurs sont un vrai régal. Pour moi qui suis une admiratrice fervente d’Art Brut particulièrement. Mais je ne pense pas que vous en soyez à envisager une succursale… encore que, qui sait!
En tout cas, je vous dis 500 fois 1000 fois, 10.000 fois, BON COURAGE!
Nathalie
François Carrera
C’est une très bonne idée et je te souhaite une bonne continuation.
Tu te souviens de moi, j’espère.
Bonne continuation.
Ton ami François
alex baillieux
beau parcours et tres interessant, bravo. ms je me demande pau quelle voie maritime vous etes passee peut etre a puerto barrios, je compte faire un peu comme vous ms ne vous inquietez pas, aucune concurrence, je ne veux pas de magasin(trop cher). moi je vais passer par dhl pour lenvoi cest vrai que cest cher ms ca vaut tjrs le cout dessayer. qui ne tente rien a rien.
je revendrai ma marchandise sur les marches et pas ceux de paris je suis pas de ce coin la.
vous etes arrivee en france sans savoir parler le francais ou si?
moi je suis arrive au guate sans parler espagnol du tout, je savais que jallais rester longtemps ici, dc pas dautre choix que de lapprendre, et quel bohneur maintenant de pouvoir parler avec les populations locales et pouvoir se debrouiller ds le pays.
je vis actuellement a xela ms je compte partir en fevrier passer le diplomes de plongee, et pouvoir ainsi voyager ds le monde entier.
bonne continuation a vous, et a votre tienda.
que le vaya bien
Ana
Mil mercis pour ce flateur comentaire!
Je ne sais pas trôp quoi répondre seulement que c’est le resultat de mes envies de faire découvrir aux autres ne serais ce que la petite partie qui correspond à mon choix d’objets très parlants pour moi et je vois que pour d’autres aussi et qui témoignent de la vie d’une culture qui fait partie de la mienne!
Merci