Sanik, les fourmis du Guatemala
Inès et Juana
Elle s’appelle Inès, elle sort de l’ESSEC, elle s’est engagée dans l’entrepreneuriat social. Ses pas l’ont porté vers le Guatemala. Elle y travaille aujourd’hui depuis plus de deux ans.
Elle s’appelle Juana, elle vit dans les hauts plateaux du Guatemala dans un village communautaire maya reculé, appelé « El Triunfo » (« Le Triomphe »). Là-bas, les femmes sont souvent réservées aux tâches ménagères et aux enfants. Juana, comme beaucoup dans son village, porte en elle une histoire marquée par l’injustice et les épreuves : son père ayant été assassiné pendant la guerre civile des années 1980, elle n’a pas eu la chance d’aller à l’école et a dû quitter son village et sa famille dès l’âge de 6 ans pour travailler et survivre, bien souvent traitée comme une esclave. Le jour où le destin lui a souri, elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour prendre sa vie en main et changer son avenir. Mais pas seulement le sien, celui de sa communauté également.
La fondation de SANIK
Ayant eu la chance inespérée d’accéder à un travail formel mais souffrant de voir que les femmes de son village restaient dans l’isolement et la pauvreté, Juana a décidé de fonder SANIK (littéralement « les fourmis » dans le langage local maya). Sanik est un groupe de femmes qui mettent en commun leur savoir-faire ancestral de tissage typique du Guatemala pour fabriquer des produits artisanaux finement travaillés dont elles espèrent qu’ils trouveront le succès commercial.
Envoyée comme consultante auprès de Juana au sein de l’entreprise sociale Soluciones Comunitarias où Juana travaille actuellement comme coordinatrice régionale, Inès a choisi d’accompagner Sanik dans le développement de leur projet. Elle les conseille sur les prix, la fabrication, les exigences de qualité, pour que leurs produits aient une chance de sortir des hauts plateaux et de permettre à Juana et son groupe de femmes d’améliorer leur revenu et leur quotidien, de vivre leur indépendance.
Il y a plein de mots très sérieux pour décrire tout ça. Mais ils ne sont pas très importants. Ce qui est important c’est le soin que les femmes de SANIK mettent à fabriquer leurs produits, attentives au moindre détail, espérant que la vente leur permettra d’apporter suffisamment de nourriture sur la table et d’envoyer leurs enfants à l’école.
Essayez le touché très doux des écharpes aux couleurs chatoyantes, regardez les finitions des trousses brodées et frappées d’un cœur au centre, décorez vos bras avec les bracelets en perle de rocaille finement enfilée aux dessins ethniques ou symboliques.
Naissance d’une collection
Ce sont ces produits que vous trouvez désormais à Tienda Esquipulas. Parce qu’Inès croit en SANIK, et nous avec elle. Un jour elle a écrit à plusieurs magasins en France pour venir leur présenter les produits, dont nous. On a répondu, elle est venue. C’était en hiver. Il faisait assez froid, et elle a sorti de son sac toute une série de modèles plus riches en couleurs les uns que les autres.
On a longuement parlé, choisi les modèles, discuté les couleurs, décortiqué les structures de prix, et quelques mois après, sur place, Ana est allé rencontrer SANIK et fixer les derniers détails de la fabrication.
Chaque modèle est exclusif : Ana les choisit, définit les couleurs, les finitions, les dessins, et en confie la réalisation à SANIK.
Ainsi est née cette première collection des « fourmis » du Guatemala. Aimez-la comme nous avons aimé la faire, et chaque fourmi se réveillera le matin avec un petit espoir en plus, celui de voir son travail apprécié à sa juste valeur, là bas, loin, dans un pays où elle n’ira sans doute jamais, mais qui l’aide à gagner son indépendance de femme libre.
(Photos : Inès Mazas)